Première étape: la chute.
Pas grand chose à dire en somme, on avait passé un excellent
début de journée, mais pendant une bonne heure, le froid et la
pluie (et même la neige) nous avait très nettement importunés.
Nous savions qu'Akseki n'était plus qu'à quelques kilomètres,
et qu’à partir de là c’était plein Sud, sur
une route de bonne qualité pendant 60 kilomètres, bref d’ici
45 minutes nous pourrions prendre une bonne douche. Pour nous réchauffer
nous avions chanté à tue-tête, en commençant
par « Tombe la neige » et finissant par « Le
Ciel, le Soleil et la Mer », en ayant fait à peu près
le tour des chansons en rapport avec la météo. La route était
de meilleure qualité, mais encore très humide. Il était à peu
près quatre heures.et demie. Bref tout allait de mieux en mieux, pourtant
je restais prudent et lent (mais ça c’est une évidence
sinon ce ne serait pas Marcarine), et ce fut l’embardée,
je n’ai rien vu venir, peu avant un virage, à une vitesse qui
ne dépassait pas les 30 Km/heure, sur une route qui semblait bonne, nous
sommes tombés, de ce genre de chute ou l’on abîme le rétro
avant de remonter sur la moto pour continuer la balade.
Mes souvenirs de la chute restent assez vague, comme je l’ai dit, je
n’ai rien u venir, je me rappelle clairement le choc de mon crâne
au contact de la route, « l’ explosion » de
la mentonnière du casque et une petite étincelle au rétroviseur
qui frotte sur la route. Ensuite quand j’ai voulu bouger, j’ai
senti comme un poids au niveau du thorax, j’ai mis cela sur le compte
du choc, mais je me suis aperçu que je n’arrivais pas à remuer,
cette situation a duré selon moi quelques secondes, selon Carine, une éternité.
Ensuite, j’ai pu la rassurer, tout en restant couché, le pied
sous la moto
Une voiture et une camionnette sont arrivées, et se sont arrêtées
pour nous porter secours. Ils m’ont aider à me lever et à aller
m’asseoir sur le bord de la route, Lorsqu’ils ont voulu retirer
mon casque, j’ai refusé, je n’avais pas encore pu établir
l’étendue des dégâts. Un instant plus tard, après
avoir retrouvé mes esprits, mais pas encore mon souffle, j’ai
moi-même retiré le casque pour constater l’étendue
des dégâts. La partie basse de l’intégral (devant
le menton) était tout simplement coupée en deux. Les Turcs qui
nous aidaient voulaient appeler une ambulance, mais plus le temps passait,
mieux je me sentais, je leur ai donc demandé d’appeler simplement
celui qui nous avait loué la moto. A ce moment, je ne pensais en aucun
cas que mes vacances puissent-être terminées, j’étais
même quasi persuadé que nous reprendrions la moto le lendemain.
Je me suis levé et je suis allé voir ce qui aurait pu provoquer
notre chute, je n’ai rien vu, mais j’ai senti., une plaque de verglas
invisible, certes ce n’était pas du verglas, sans doute de l’huile
ou du diesel, totalement invisible à l’œil, mais le simple
fait de poser la botte dessus me mettait dans un équilibre instable
tant cela glissait. Au moins je pouvais comprendre ce qui était arrivé.
Un thé pour patienter
On nous a ensuite emmené vers le café le plus proche, à Akseki, à à peine
1 kilomètre de là. Nous avons voulu laisser quelques euros à ‘notre
sauveur’, il a refusé avec un air presque vexé quand nous
avons insisté.
Au café, nous étions déjà attendus (le gsm :
quelle invention), on nous a installés juste à côté du
poêle, on nous a servi du thé bien chaud, qui a fait un bien
fou après le froid que nous avions connu. C’est là que
j’ai retiré la veste de moto, et Carine a immédiatement
aperçu la grosse bosse sur l’épaule gauche. Rien de grave,
elle devait être déboîtée. On nous a également
apporté de l’eau de Cologne à mettre sur les mains pour
nous réchauffer, Vu l’obstacle des langues, le serveurn ne pouvant
m’expliquer ce qu’il voulait faire, a pris ma main et l’a
retournée pour y mettre l’eau de Cologne, le résultat immédiat
fut un hurlement de douleur.
Nous avons attendu une petite heure qu’Hassan, notre ‘locateur
de moto’ vienne nous chercher. Au moment de quitter le café, nous
n’avons pas pu payer nos consommations, et quand on insiste, on nous
regarde presque méchamment. Il semble que c’est un peu insultant
de ‘rétribuer’ celui qui fait « ce que tout homme
ferait » dans la Turquie profonde, (car rares sont les touristes
qui s’aventurent à 60 kilomètres es côtes méditerranéennes).
En route pour l’hôpital
Notre locateur (ne cherchez pas au dictionnaire, c’est un néologisme
carinien signifiant loueur) nous a donc embarqué, et nous avons déposé son
collègue à la moto pour qu’il puisse la ramener. Hassan
s’est ensuite arrêté un peu plus loin pour obtenir un anti-douleur, cela
fait du bien. Sur le chemin du retour la vitesse était adaptée à ma
douleur, donc lente, le trafic étant peu dense, Hassan n’hésitait
pas à éviter les bandes ralentissantes en prenant la gauche de
la chaussée pour éviter les chocs, il a téléphoné à l’hôpital à Side
pour annoncer mon arrivée, et a demandé que l’orthopédiste
soit présent ainsi qu’un interprète pouvant traduire du
Turc vers le français (fallait pas rêver) ou l’anglais.
Vers 19h, nous arrivions à l’hôpital Bigli de Side. Nous étions
attendu par l’orthopédiste et l’interprète turc/anglais.
Première auscultation, et premier diagnostic : « Your
shoulder is dislocated », « Votre épaule est déboîtée ».
A ce moment, je me dit que l’on va me la remettre en place, demain sera
un jour de repos (sauna, piscine, hammam, pâtisseries) et même
si il faut renoncer à la moto pour le reste du séjour, ce n’est
pas grave, on prendra une voiture ou on participera aux excursions organisées.
Hassan, le locateur, qui est toujours présent, me propose d’ailleurs
de remplacer la moto par une jeep au même prix pour la fin du séjour
Néanmoins pour plus de sécurité, on va prendre une radio.
C’est là que l’on s’aperçoit que l’épaule
n’est pas juste démise, mais que c’est la clavicule qui
est cassée, et même mal cassée, il faudra prévoir
une opération après mon retour en Europe, mais il n’y a
pas le feu du tout, dans une dizaine de jours ce sera parfait. Par contre,
on ne voit absolument rien concernant les côtes, et l’on m’explique
que certains micro-fêlures sont généralement invisibles
sur les radios tout en étant relativement douloureuses. Ce n’est
qu’à ce moment que j’ai vraiment compris que la moto c’était
fini pour les vacances, et même pour le mois qui venait. Chose bizarre,
la déception est surtout venue du fairt que je ne pourrais participer à la
balade organisée par motards.be le 22 avril à la mémoire
de Jean-Marc. Tant pis, j’irai en voiture.
Vint ensuite la question : « Vous pouvez rentrer à l’hôtel
si vous voulez, mais il serait peut-être bon que vous restiez une nuit
en observation », j’hésite un peu, mais bon, mettons
toutes les chances de mon côté, je vais rester pour la nuit.
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